« Averses éparses »… Tout le mystère des prévisions météorologiques résumé en deux mots ! Pas de quoi refroidir les randonneurs d’Altiplus… Refroidir ? Au contraire même, puisque c’est sous la douce lumière du soleil d’automne que nous quittons le petit hameau de Roya, perdu au fond de sa vallée, au pied du célèbre Mont Mounier. Un soleil qui illumine le paysage de milles couleurs : vert, jaune, orange, rouge, bleu… qui contrastent avec le noir des marnes sur lesquelles nous marchons.

C’est dans ce festival de lumières, au flanc des ravines, que nous atteignons quasiment sans effort le plateau du Clot Giordan où, en nous promenant entre restanques et anciennes granges, nous imaginons quelques instant la vie d’autrefois dans ces pâturages.

Mais les nuages qui jusqu’à présent se bloquaient sur le Mounier ont bien débordé et le ciel nous gratifie maintenant de quelques gouttes… Le doute s’installe : continuer ou s’abriter ? Mais nous ne sommes pas venus là pour faire la sieste dans le foin d’une grange ! C’est donc d’un bon pas que nous attaquons les pentes herbeuses mais abruptes qui nous mènent sur les crêtes de la station d’Auron. Tout juste rafraîchis par quelques averses éparses : la météo ne s’est pour une fois pas trompée!

Après une pause pique-nique bien méritée mais rapide (il ne fait pas très chaud à 2100m!), nous parcourons les tranquilles crêtes du Blainon pour rejoindre le GR5. Le GR5 ? Une randonnée hors du commun, de la Mer du Nord à la Méditerranée, soit 2600 kilomètres ! Rien que ça ! C’est donc le GR5 qui nous ramène au Clot Giordan, via la Chapelle Saint Sébastien. Là, dans ce paysage qui a inspiré le poète Patrick Joquel, je vous ai récité quelques uns de ses vers, décrivant à leur manière ce lieu si particulier :

Ici la solitude absorbe les saisons
Leurs ombres se déchirent aux crocs des ravines
Ici, le temps n’est qu’un flot de lumière une écharpe au flanc des pentes abruptes…
Solitaire, un muret muet interroge l’immobile présence des pierres…
Paupière ébréchée, une chapelle insensiblement délabre son clocher…

Source : Hautes Drailles (poésie), Patrick Joquel, Éditions Encres Vives

Roya, et donc nos voitures, sont maintenant à nos pieds. Il ne nous reste plus qu’à descendre, de restanques en restanques, comme au long d’un escalier géant, sous le regard menaçant d’une multitude de Vautours qui nous surveillent de près… Mais les randonneurs d’Altiplus ayant le pied sûr, aucun d’entre nous ne leur servira de repas, ouf!

Finalement, le ciel nous aura bien laissé profiter de ce beau circuit à la rencontre de la vie d’autrefois dans les terres à blé du Mercantour…

Photos de Alice, Béatrice et Thomas