Nous voilà en Italie , quelle surprise une fois sur le parking de voir qu’un autre groupe de marcheurs Italiens a eu la même idée que nous. Mais pas si surprenant tant c’est un endroit magnifique!
Nous ne sommes que le 26 février mais la journée est printanière, il fait déjà très très chaud. C’est agréable certes, mais pour la neige (et les sorties raquettes) ce n’est pas très réjouissant… Le soleil brille sur les restanques fleuries, les genêts à fleurs blanches diffusent une forte odeur qui titille nos narines. Les cultures de mimosas ne manquent pas non plus. D’ailleurs nous croisons plusieurs sortes de mimosas le long de notre balade. Pour ceux qui ont manqué la sortie « spéciale mimosas », nous en profitons pour en parler. Cela permet au groupe des Italiens de prendre de l’avance (ils sont « seulement » 45 ;-) ) et nous ainsi nous pouvons marcher tranquillement (il s’est avéré qu’ils étaient de très bons marcheurs :-) ).
Notre chemin commence par une tout petite descente puis une longue montée jusqu’à notre lieu de pique-nique. La montée abrupte du début est un peu glissante, ce qui nous encourage à faire des pauses et à parler de tout ce qui nous entoure.
Les pistachiers lentisques semblent trouver un terrain très favorable à cet endroit. J’en profite pour parler des vertus médicinales et propriétés culinaires de cette plante :
Dans plusieurs pays d’Orient et d’Afrique du Nord, l’huile de lentisque est mélangée à de la farine et de la pâte d’amande pour faire une sorte de « beurre » considéré comme aphrodisiaque. Celui-ci est généralement consommé dilué dans le thé. En Sardaigne, on le mange sur du pain « biscotte » ou du pain durci au four.
Au Maroc, cette huile verte est utilisée sous forme d’onguent pour soigner les brûlures ou les douleurs dorsales. Dans les maisons, elle sert pour l’éclairage.
Le « mastic », une gomme naturelle, est obtenu par incision répétée des tiges. De ces entailles s’écoule peu à peu une oléorésine qui se transforme en grains de mastic. Chaque arbre peut produire de 150 à 180 grammes par an de mastic et certains arbres exceptionnels jusqu’à 4 à 5 kg par an. De couleur jaune clair, cette gomme dégage une odeur balsamique relativement forte. Dans l’île de Chios, cette résine est exploitée sous le nom de « mastikha » ou mastic.
En Orient, la résine est traditionnellement utilisée comme masticatoire parfumé pour protéger les gencives et rafraîchir l’haleine. Elle a été utilisée en Europe, au début du XXe siècle, en médecine, comme antidiarrhéique pour les enfants, comme antiscorbutique ainsi que sous forme de cataplasme ou pour faire des fumigations. En dentisterie, elle servait à l’occlusion des dents cariées.
En médecine traditionnelle, on utilise la résine de pistachier lentisque afin de combattre les ulcères d’estomac. Son efficacité contre la bactérie Helicobacter pylori a en effet été récemment confirmée . Elle avait été vérifiée par plusieurs études scientifiques. Cette méthode consiste à éliminer la bactérie H. pylori par mastication de résine du pistachier lentisque.
Plus loin nous passons à côté de plusieurs bosquets de Myrtes. Les papilles s’enflamment : en Corse, Sardaigne et Sicile on l’utilise pour aromatiser le gibier : « Les branches ajoutées aux braises répandent une odeur très agréable dont les pièces de viande rôtie s’imprègnent. Les feuilles prises en infusion ont des propriétés astringentes et digestives, utilisées pour combattre la diarrhée infantile »
Il arrive que trois feuilles sortent du même point. Dans la religion juive, ces trois feuilles représentent les trois patriarches Abraham, Isaac et Jacob (Et pas David!) qui proviennent tous les trois d’une même source. « Dieu, a donné naissance à trois hommes qui incarnent des notions radicalement différentes. Abraham incarne la bonté, Isaac la rigueur et Jacob est l’harmonie entre les deux. »
Les températures élevées de ces derniers jours ont fait que la bruyère arborescente est également en pleine floraison. Les coronilles, les orchidées, les violettes, tout est en fleurs et enchante nos yeux. Comme d’ailleurs la vue sur la mer et toutes les cultures qui entourent la crête du Monte Nero sur laquelle nous marchons maintenant.
Nous arrivons au lieu du pique-nique et j’ai déroulé un tapis vert afin que tout le monde puisse profiter d’un repos : soleil et sieste au programme :-)
Nous démarrons doucement notre marche de l’après-midi. Du haut de la crête nous avons une belle vue sur le Bego, le Capelet Inférieur et la Cime du Diable sous un angle inhabituel (mais c’est vérifié!). Une fois le sommet du Monte Nero dépassé, le paysage dans lequel nous progressons change significativement. Jusque là nous étions plutôt dans un environnement de garrigue et de forêt de pins. Maintenant nous marchons dans une forêt de chênes verts, chênes blancs, châtaigner, charmes et quelques pins éparses.
En s’approchant de Seborga, les genêts et mimosas retrouvent leur place. Petite halte à la terrasse de la place avant de visiter le village et découvrir son histoire particulière.
En 954 le comte de Vintimille céda le fief de Seborga à l’abbaye de Lérins qui l’érigea en principauté ecclésiastique.
C’est en janvier 1729 que Victor-Amédée II de Sardaigne acheta la Principauté de Seborga à son propriétaire ecclésiastique. Néanmoins l’Abbé Biancheri (décédé en 1746) garda le titre de « Prince de Seborga » jusqu’en 1740 malgré le protectorat de la Maison de Savoie (qui ne fut jamais reconnu), mais sans en acquitter le prix ce qui explique que Seborga ne fut jamais mentionnée dans aucun traité ultérieur; Seborga figure bien dans le « contado di Nizza » de la carte des États du roi de Sardaigne de 1779.
Seborga a aussi fait partie du premier département des Alpes-Maritimes et figure sur une carte de ce département (état en 1793-1799) : elle appartenait alors au district (les arrondissements n’existaient pas encore) de Menton et au canton de Perinaldo.
Seborga a sans doute été retranché du comté de Nice du fait de réorganisations administratives ayant suivi l’annexion de la république de Gênes par la maison de Savoie en 1815.
La proclamation de Seborga en principauté remonte à 1963 lorsque le fleuriste du village, Giorgio Carbone, se déclare « Prince Giorgio Ier de Seborga ». Un plébiscite auprès de la population du village approuve alors sa proclamation par 304 voix contre 4.
Le folklore créé par cette principauté et entretenu par ses habitants attire des touristes.
Entre 1994 et 1996, des pièces de monnaie de la principauté ont été émises, attirant l’attention des numismates.
Après la mort du prince Giorgio Ier le 25 novembre 2009, la régence est assurée par Alberto Romano le temps que des élections soient organisées. Ces dernières ont élu Marcello Menegatto, un promoteur immobilier, qui est intronisé le 25 avril 2010 sous le nom de règne de Marcello Ier. Le nouveau souverain souhaite continuer la lutte pour la reconnaissance de l’indépendance de la principauté et développer son économie avec la création d’un golf, la construction d’un hôtel de luxe, l’installation de galeries d’art, etc. Cependant, celui-ci se défend de créer un paradis fiscal, arguant que la constitution de la principauté ne le permettrai pas.
L’Italie a intenté trois procès, tous perdus, à la principauté de Seborga.
La principauté a saisi la Cour de justice de l’Union européenne pour faire valoir son indépendance.
Depuis 2003 Seborga est jumelée avec le village de l’Escarène. »
Après la visite du village nous descendons sur Sasso di Bordighera par le chemin qui suit un semblant de crête entre les villas, les bras chargés de bouquets de mimosas offerts à toutes les femmes par la serveuse du bar du village!
Nous arrivons à la voiture vers 17h00 après une une très belle journée. Merci au groupe et j’espère vous revoir très bientôt avec Altiplus…