Nous sommes aujourd’hui 8 à emprunter le chemin qui nous mènera jusqu’au Grand Mont (Gramondo  en Italien). La randonnée démarre par une montée soutenue,  le sentier serpente sur le flanc de la montagne et nous offre une vue sur la Rade de Menton au sud et sur Castillon au Nord. En face de nous la forêt Mentonnaise commence à s’enrober de sa couleur d’automne.

Nous franchissons l’arrête sous le Point de la Penna. Les traces de l’Histoire sont bien présentes : des fortifications qui constituaient l’extrémité sud de la ligne Maginot. Comme promis, voici quelques précisions : le secteur fortifié des Alpes-Maritimes (SFAM) regroupait de 1924 jusqu’à 1940 les fortifications françaises se trouvant dans le département des Alpes-Maritimes.  C’est une ligne le long de la frontière franco-italienne qui barre toutes les vallées et les cols, ainsi que la route littorale, qui permettait de franchir les Alpes en provenance de l’Italie. L’avant-poste de la Penna est un ouvrage d’infanterie à trois blocs ; Bloc 1 : entrée nord ; Bloc 2 : entrée sud ; Bloc 3 : Casemate pour mitrailleuse. Voir la carte. Nous avons testé l’entrée Nord. Celle-ci se trouve dans un très bon état.  La garnison de l’avant-poste de la Penna était composée de 27 hommes.

Après cette petite visite, nous basculons sur l’autre versant; nous sommes finalement sous le soleil et le sentier serpente entre d’anciennes restanques abandonnées; les ruines imposantes laissent penser qu’à une époque les gens vivaient ici, non pas pour la magnifique vue, mais plutôt à cause de l’insécurité qui était en bas, près de la mer.

Avant d’arriver au Col St Bernard, on fait une petite pose à l’aire de pique-nique. Bien sympa mais il est encore tôt pour s’arrêter même si c’est très attrayant. On passe à la Chapelle où chaque mi–août a lieu une procession qui part depuis le village.

Le Chemin continue de monter, avant d’arriver à l’ancienne ferme de Mourga. Près de cette ferme il y a une permaculture, que nous n’avons pas eu le temps de visiter, au regret des participants. Il faudra revenir pour cela! Le chemin débouche à la baisse de Faiche Fonda . La piste forestière que nous suivons, nous permet déjà de voir le Grand Mont.

Arrivé à Colla Bassa par la piste, nous croisons des chasseurs, on se salue et nous échangeons  brièvement sur « les fruits de la chasse ». Peu de temps après, la piste se transforme en un sentier escarpé, des fois bien « végétal » et par endroit « aérien » mais il ne nous posera pas de problème. Après ce passage empierré et 3h ½ de marche nous atteignons le Gramondo, la Croix et sa Madone.

De là-haut le regard est attiré par les collines de Menton et Vintimille, vers le Nord par les cimes du Mercantour et vers le Sud par la chaîne des montagnes Corses qui aujourd’hui surgit des eaux méditerranéennes sous nos yeux. Voilà, voilà, ce n’est pas un mythe mais bien réel! Pour certains d’entre nous, c’était la première fois qu’ils voyaient la Corse de cette rive du continent.  Côté nature, malgré la proximité de la Côte, on est ici dans un milieu alpin : la végétation est typique de l’étage dit « montagnard ».

Une plaque commémorative est placée sous la croix à la mémoire de Patrick Berhault qui avec son collègue Philippe Magnin, a essayé d’enchaîner en trois mois les 82 sommets alpins de plus de 4 000 mètres. Défi pendant lequel il a perdu la vie.

Après un apéritif bien riche : saucisson, fromage et j’en passe, nous déjeunons sous le soleil en enchantant nos papilles et nos yeux. Petite sieste pour certains, mais au bout d’une heure nous devons rebrousser chemin. L’automne est là, les journées ont déjà bien raccourci.

Nous revenons par le côté Italien en suivant le « Sentiero Balcone »  avec vue Mer coté Vintimille. On rebascule versant français par le Pas de la Corne, d’où l’on aperçoit le Roc d’Ormea. Pour la petite histoire : au pied de ce dernier, sur le versant Nord, ont été trouvées les premières traces de la présence humaine dans ce secteur à l’époque de la Préhistoire (12000 av J.C. l’abri Perdimoun). Nous descendons en alternant piste et sentier; on passe près du Vieux Castellar qui se trouve sur un éperon rocheux. Il y a quelques murs qui sont encore débout. Le vieux Castellar est mentionné pour la première fois en 1258. Plus tard, en 1435, grâce à un accord entre Louis et Henrion Lascaris, Seigneurs de Gorbio et de Castellar et les habitants, il est permis à ces derniers de transporter le village à un endroit plus commode sur la colline de Saint-Sébastien. Ils peuvent bâtir à leur frais pendant 5 ans, 29 maisons de même hauteur et largeur et de les fortifier par une enceinte extérieure.

Nous rejoignons notre chemin de ce matin au niveau des ruines du Mourga, les chevaux sont toujours là. Le petit groupe donne des signes de fatigue mais nous devons continuer. Une fois au Point de la Penna nous savons qu’il ne nous reste plus que cette longue descente « qui n’en finit pas ». Une fois à la voiture, tout le monde est motivé pour un bon rafraîchissement; donc direction village, mais malheureusement celui-ci semble vidé de ses habitants, et à part l’épicerie et quelques enfants qui jouent sur la place, nous n’avons vu que des chats.

Fin d’une journée riche en histoire et pleine de beaux paysages dans notre mémoire.