En cette veille de possible sacre mondial de son équipe de riches favorite, Altiplus avait pris la courageuse décision d’apporter une contribution décisive en programmant une randonnée propitiatoire destinée à ménager à ladite équipe l’assurance d’une victoire nette, sans bavure et avec trophée en or massif à la clé (laquelle n’était autre que la clé Deschamps, ce qui n’aura échappé à personne).

Courageuse décision en effet car en faisant cela Altiplus a pris le risque de se couper de sa base, de son public, de son cœur de cible, de sa patientèle en un mot tant il est bien connu que le randonneur est l’ennemi naturel le plus indécrottable du footballeur. En témoigne par exemple la persévérance avec laquelle le randonneur s’obstine à ne pas arborer de tatouage tribal ou bien à conserver sa pilosité corporelle naturelle (à l’exception notable du crâne de certains accompagnateurs mais, en vérité, ces accompagnateurs-là méritent-ils seulement le nom de randonneur ?).

Qu’à cela ne tienne ! Une fois n’est pas coutume, Altiplus avait pour l’occasion décidé de se mettre En marche et d’aider les riches à devenir plus riches encore. Car il ne faut pas s’y tromper : le salut de tout un pays était en jeu et Altiplus ne pouvait pas ne pas apporter sa pierre à l’édification d’une nouvelle unité start-up-nationale.

C’est pourquoi nous sommes revenus sur les lieux de la première victoire de la France dans un mondial de football. A cette époque, c’est-à-dire vers 5436 avant M’bappé, le football ne s’appelait pas encore football car la langue anglaise n’avait pas encore été inventée. Ainsi, en ce temps-là, les hooligans s’appelaient hompolitics, les goals s’appelaient onnpasspa, les corners s’appelaient aupiquet! et les penalties s’appelaient mêmpapeur. Quant aux joueurs, ils étaient sympas comme tout et s’appelaient tous Parleurp’titnom.

Eh bien figurez-vous que c’est dans le stade de Fontanalba, au pied du mont Sainte Marie sur les flancs duquel nous avons déambulé ce samedi en faisant toujours attention à ne pas abîmer la pelouse, que la première victoire de l’équipe de France eut lieu dans l’histoire. Avant l’histoire pour être plus précis. Car chacun sait que l’histoire ne se souvient que des vainqueurs. Or, vous serez bien obligés d’en convenir, personne et vous pas plus que quiconque ne se souvient de cette victoire pourtant mémorable. CQFD.

Heureusement, Altiplus est là ! Et l’invocation des divinités cornues qui donnèrent du leur en ce temps-là pour que la France pût à bon droit s’enorgueillir de cette glorieuse épopée a eu l’effet escompté. En retrouvant la trace du premier pied jamais posé sur un terrain de football (à l’époque, les terrains étaient tracés sur des pélites permiennes à dominante rouge et la notion de planéité était toute relative), nous avons réanimé la fougue et l’allant victorieux de nos illustres ancêtres. Et c’est nantis de cette fougue comme de ces talents que les bleus de 2018 ont laminé les Croates dimanche soir. Car il n’est pas interdit de le dire : la devise de la République avait besoin de subir un bon coup de Grizou. Et Altiplus propose cet hymne à la joie : et un, et un, et deux, et trois, et quatre, et oups !  C’est pas l’pied ça ?